Le matin au réveil, avant que la journée ne commence, dans le brouillard glacé de la Bourgogne hivernale, j'écoute la radio
Ce matin, la revue de presse internationale de Cécile de Kervasdoué m'a mis la puce à l'oreille...
Du grain à moudre pour étayer les réflexions!
A écouter également en podcast
Ça se passe chez moi... à table en famille et il faut le dire l'ambiance est un peu tendue... comme dans toutes les familles à chaque Noël, vous allez me dire ! C'est que nous sommes une famille aux multiples facettes. Il y a autour de la table des juifs des chrétiens des républicains des démocrates... seulement pour une fois en ce repas de Noel la tension ne vient ni de la religion ni de la politique ; ce qui crée la dispute, c'est ce que nous avons dans l'assiette : la bouffe!
Ainsi commence un article du LOS ANGELES TIMES d'hier ... un article américain qui tente d'illustrer et de résumer une tendance de plus en plus forte aux Etats-Unis, qui pose la question de l'éthique et de la nourriture
d'où ce récit de Noel : d'un côté de la table il y a le neveu de mon mari... lui il gère une banque alimentaire, il passe ses journées à tenter de trouver le moyen de nourrir le plus grand nombre de personne sur cette planète... ce qui passe d'après lui par l'augmentation de la production alimentaire à moindre coût
en face de lui, mon mari et moi sommes propriétaires d'un ranch en Californie... nous y pratiquons de l'élevage bio et passons nos journées à tenter de trouver les moyens de protéger l'environnement et la santé de nos consommateurs. Alors bien sûr la nourriture que nous produisons prend plus de temps et coûte plus cher que la plupart des produits que l'on trouve en supermarché.
Entre nous autour de la table... il y a d'autres personnes de la famille qui apprécient de bien manger mais qui en ces temps de crise économique cherchent aussi à manger le moins cher possible.
Cette table de Noel est donc plus que jamais le miroir de ce débat national autour de l'alimentation qui est en train de voir le jour dans les foyers américains... trop loin des politiques. Or lla controverse s'articule autour des poids lourds de l'agro alimentaire qui veulent nous faire croire que l'industrialisation et la globalisation de l'alimentation est l'unique moyen de nourrir la planète de plus en plus nombreuse... et qui fustigent les partisans de la réformes de ce système qui prêchent eux pour un retour aux productions locales... sans dépendance aux produits chimiques, à la mécanisation, aux énergies fossiles, et dans le respect de la vie animale et végétale... Ce sont des réactionnaires et des élitistes ! Accuse l’industrie agroalimentaire puisque la réforme de notre alimentation priverait le plus grand nombre de l'accès à une nourriture produite de manière industrielle.
Dans un récent numéro de NEWSWEEK intitulé « Ce que la nourriture dit des classes sociales américaines », l'auteur de l'article confiait son malaise en décrivant ces américains qui cherchent à se nourrir mieux en protégeant l'environnement face aux autres qui n'ont que les moyen de la malbouffe ou qui n'ont pas les moyens de manger, tout simplement.
mais le problème n'est pas là... le problème continue le LOS ANGELES TIMES... c'est qu'il y a une part de mensonge énorme autour de l'alimentation industrielle... qui n'est pas loin de là moins chère que l'alimentation bio ou raisonnée... en tout cas certainement pas à long terme... et qui n'est pas loin de là, capable de nourrir les 7 milliards d'habitants du monde... et l’article conclut, la même chose peut être dite des médicaments, des logements, des voitures...
Attention aux mythes et aux mensonges... réveillez-vous
c'est aussi la teneur d'un article du TIMES OF INDIA qui fustige ce matin la malbouffe de plus en plus en vogue en Inde come dans tous les pays émergents... il faut apprendre à se méfier, à regarder les étiquettes !
oui... car sur un paquet de cigarette on a la composition de la clope mais sur un paquet de viande l'image d'une ferme heureuse... élevée en pleine air par exemple... Mensonge ! Toute l'industrie de la viande est un mensonge... confie l'écrivain américain Jonathan Safran Foer aux INROCK cette semaine
et si vous croyez que c'est un mal américain vous vous trompez répond l’hebdomadaire français... en Amérique 90% de la viande vient de fermes usines... en France 94% en Allemagne 96%
alors si l'on aime croire que c'est chez l’autre que ça se passe... c'est encore un leurre... le problème est comme l’industrie agroalimentaire, il est global.
et la presse en est le reflet ce matin alors que la crise de la dioxine dans les œufs allemands s'aggrave puisqu'après les œufs, la viande de poulet, le gouvernement allemand vient d'admettre que la viande de porc était aussi contaminée par la dioxine et que cette viande avait ét commercialisée dans les supermarchés... écrit le site de la DEUTSCHE WELLE
alors la peur se répand dans tous les journaux ce matin : slovaques, sud coréens, russes et même dans la GAZETTE DE MONTREAL
le manger toxique ! Titrait hier la VANGUARDIA à Barcelonne... la crise allemande est bien la preuve que toute notre industrie alimentaire est contaminée par la dioxine tout simplement parce que pour limiter les coûts on nourrit les animaux de leur propres déjections ou des cadavres de leurs comparses... c'est inouï, fou, horrible et absurde !
Alors l'affaire devient politique en Allemagne comme en témoigne ce titre du SPIEGEL ce matin... la république en panne
que faire lorsque l'état n'est plus capable de permettre aux citoyens de manger en toute confiance...
qui est responsable,... interroge le TAGUESPIEGEL
pour l'instant rajoute la FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG nous incriminons les entreprises concernées... pour manque de vigilance... ce serait une simple erreur donc... doublée d'un disfonctionnement dans les mécanismes de contrôle de états...
mais non pas du tout... répond le quotidien conservateur allemand DIE WELT... le problème est beaucoup plus profond... l'Allemagne a fait depuis longtemps le choix politique du Hard Discount, à savoir celui du manger pour le moins d'euros possible... mais est ce vraiment la cause de toute cette crise ?... et le bio plus cher qui ces derniers jours a enregistré un bond de consommation est il vraiment la solution ?... d'ailleurs le bio est il vraiment meilleur pour la santé ?... le débat n'est pas tranché… et les consommateurs vont sans doute continuer à trouver eux même l'équilibre entre le risque et leur porte monnaie
parce que 47% des consommateurs allemands ne veulent pas payer plus cher pour leur alimentation confie ce sondage de la BILD, le quotidien populaire allemand
N'empêche termine le TAGUESZEITUNG, une brèche est ouverte chez les consommateurs et il est temps que le gouvernement en prenne conscience ... car s'il y a eu auparavant bien d'autres crises alimentaires comme la vache folle, qui n'ont rien changées; cette fois ci termine le journal
une révolution silencieuse est sans doute en marche qui veut manger bon, qui veut manger intelligent, qui veut tout simplement plus d'éthique dans notre société.
Bon appétit !
Cécile de Kervasdoué, 13 janvier 2011